L’épaisseur du papier
L’épaisseur du papier
Cette œuvre se compose de quatre éléments, chacun ayant été réalisé à partir de papier fait à la main spécialement pour le projet. Elle a été conçue dans le cadre du programme d’intégration des arts à l’architecture pour la bibliothèque de Pierrefonds.
La fabrication des grandes feuilles de papier pour ce projet, qui s’est échelonnée sur plusieurs mois, a nécessité la participation, les conseils, la confiance et les ressources de plusieurs amis et collaborateurs dont voici les noms en ordre alphabétique : Danie Bertrand, Merlin Bertrand-Hamel, Éric Bolduc, Paul Bourgault, Élaine Denis, André Hamel, Sara Lagacé, Francine Lalonde, Ashley Miller, Brendon O’Neill, Andrée-Anne Proulx et ses parents, Karen Trask, Bibiana Vera et Johanne Wolfe. Sincèrement merci.
L’encyclopédie et la fabrication du papier
L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et d’Alembert constitue la première encyclopédie de langue française. Éditée entre 1751 et 1772, elle compte 17 volumes de textes et 11 volumes de planches. Entreprise colossale et controversée à son époque, l’Encyclopédie a connu un succès considérable et a largement contribué à la diffusion des idées et des connaissances. Elle est aujourd’hui disponible intégralement en ligne. L’Encyclopédie consacre 14 planches à la « Papetterie », la fabrication du papier. Avec ces illustrations comme référence, j’ai composé deux planches contemporaines afin de montrer le processus de fabrication du papier artisanal sur lequel elles ont été dessinées.
Le vide et la matérialité
La page blanche est l’absence et le lieu de tous les possibles. Ce vide de mots ou de signes est aussi un plein de matière. Sur cette feuille laissée entièrement blanche, la texture générée par le découpage en petits carrés accroche la lumière et fait apparaître une forme, une trace. Cette grande feuille agit comme page, mais aussi comme écran. La surface pixélisée correspond à la proportion des livres numériques sur l’ensemble des livres de la collection de la bibliothèque de Pierrefonds au moment de son agrandissement en 2018.
Le rouleau et les fragments archivés
Bien que le rouleau ait été un support pour l’écriture grandement répandu, il a été complètement remplacé par le codex, livre aux feuilles reliées qui s’est répandu à partir du 1er siècle de notre ère et qui est encore aujourd’hui la norme. Nous assistons maintenant à une nouvelle révolution et le livre physique, bien qu’il ne soit pas appelé à disparaître de sitôt, n’est plus le gardien absolu du savoir qu’il a été. Cette collection de fragments est une archéologie inventée d’archives papier où l’écriture est aussi faite de papier. Elle invite à imaginer la forme des archives à venir et leur lisibilité dans un futur lointain.
Le livre en une seule feuille pliée
Les plus anciens spécimens de papier connus ont été retrouvés en Chine et datent du 2e siècle avant notre ère. Plus d’un millénaire s’écoulera avant que les premières papeteries européennes se développent. La découverte du papier, cette matière miracle, légère, résistante, peu coûteuse et surtout très mince, a réduit considérablement l’espace occupé par les textes jusqu’alors inscrits sur des tablettes d’argile, de pierre ou de bois. Le papier a toutefois une épaisseur qui, bien qu’elle soit minimale, le rend vite encombrant. Quelle est la surface totale d’un livre ? Si un livre format poche de 900 pages était fait d’une seule grande feuille pliée, imprimée des deux côtés, il aurait la taille de cette feuille bleue.